Durmenach: Notices Historiques de 1900 à 1940

Années 1900

Avant la première guerre mondiale, Durmenach avec son marché hebdomadaire se trouve à une place prépondérante dans le Sundgau. Les nombreux marchands de bestiaux y attirent beaucoup de paysans des alentours.

Le ban du village comprend en sus des surfaces labourées, 239 hectares de forêt, 120 hectares de prairies avec 29 chevaux, 385 bêtes à cornes et 95 cochons. En 1942, on compte 250 hectares de forêt et 153 hectares de prairies avec 18 chevaux, 250 bêtes à cornes et 52 cochons.





Durmenach, 1900-1920: la rue de l'Eglise, la rue du Chemin de Fer, la rue de l'Ill et la Synagogue.
La Grande Guerre 1914-18
Liste des 25 Enfants de Durmenach tombés sur le Champ d'Honneur

L'Alsace est l'un des enjeux du conflit. Que ce soit dans l'un ou l'autre camp, sous l'un ou l'autre uniforme, les Alsaciens vont être déchirés, séparés, divisés. Dans le Reichsland, les libertés de réunion et de presse sont supprimées, l'administration civile placée sous contrôle de l'autorité militaire investie des pleins pouvoirs. Environ 150000 Alsaciens sont mobilisés dès le début du conflit, et jusqu'en 1918, 220000 à 250000 hommes, dont 8000 volontaires, sont incorporés dans l'armée allemande. Toutefois quelque 3000 mobilisables franchissent la frontière pour éviter de porter l'uniforme allemand, et 20000 volontaires alsaciens s'engagent dans l'armée française. A la fin de la guerre Durmenach a perdu 25 de ses enfants.

Le 2 août 1914, l'incursion d'une patrouille allemande en territoire français à partir de Dannemarie marque le début effectif de la guerre, avec ses premières victimes. Les Français occupent les cols des Vosges ainsi que le Hohneck et le Donon, pénètrent en Haute-Alsace et s'emparent de Mulhouse, Thann, Guebwiller, Munster, Colmar, Villé et Schirmeck. Mais l'invasion de la Belgique et du nord de la France provoque le repli français. Fin août, les Allemands reprennent Mulhouse et avancent dans la vallée de Munster, de Kaysersberg et de Sainte-Marie-aux-Mines; les Français conservent Thann, les vallées de Masevaux et de Saint-Amarin et la région de Dannemarie et se maintiennent sur la crête des Vosges.

Dans le Sundgau le front se stabilise et s'étend depuis la frontière suisse jusqu'aux Vosges. De part et d'autre de la ligne de feu, les troupes fortifient les positions en construisant des abris, en creusant des tranchées, en établissant des réseaux de barbelés et en installant des lignes de chemin de fer à voie étroite. Les troupes allemandes établissent trois lignes de défense: la première dans les forêts de Largitzen et Heimersdorf, la deuxième entre Bettendorf et Hirsingue, la troisième sur les hauteurs de Wittersdorf et Emlingen.


Trois casemates, utilisées comme dépôts de munitions sont encore visibles à la sortie de Durmenach de part et d'autre de la route de Vieux-Ferrette

A partir de décembre 1914 et de janvier 1915, ont lieu des affrontements meurtriers autour du Linge et du Hartmannswillerkopf. A partir de la fin de 1915, les combats perdent de leur intensité sur le front des Hautes-Vosges qui devient un secteur tranquille jusqu'en 1918.


Charles Zundel (1893-1973) de Durmenach, enrôlé dans l'armée
allemande, est envoyé dans les Carpates, à l'instar de ses
compagnons alsaciens.

A partir de mars 1915, les Alsaciens incorporés dans l'armée allemande sont envoyés sur le front russe, et en janvier 1916, on retire du front ouest toutes les unités d'Alsaciens-Lorrains pour les envoyer sur le front oriental; enfin à partir du printemps 1917, les Alsaciens-Lorrains n'obtiennent plus de permissions. Une clôture de fils de fer barbelés, édifiée le long de la frontière suisse depuis Liebsdorf jusqu'à Village-Neuf, doit empêcher les désertions, elle est électrifiée en 1917. Des tribunaux militaires extraordinaires jugent à la fois des faits militaires (espionnage, trahison) et tous les délits politiques et actes d'hostilité à l'Empire et à l'armée. 43 Alsaciens sont condamnés à mort pendant la durée de la guerre.

La population civile doit subir les bombardements de l'artillerie, la présence des troupes dans les villages et des tracasseries administratives: des cartes d'alimentation et de rationnement, et un " Ausweis " pour sortir des localités. Afin d'épargner la vie des civils, pour mieux loger les troupes et par crainte de l'espionnage, les autorités allemandes procèdent à l'évacuation de la population entre 1915 et 1917. Quarante-sept communes de l'arrondissement d'Altkirch sont touchées par ces mesures. Les évacués trouvent refuge soit auprès de parents ou amis en Alsace, soit sont déplacés Outre Rhin : Bade-Wurtemberg, Hesse, Bavière, etc. Dans la vallée de la Largue, les évacuations ne sont pas obligatoires, mais bon nombre d'habitants trouvent asile dans le Doubs. A partir de 1917, les cloches des églises paroissiales sont réquisitionnées par les Allemands pour être fondues et les pièces d'or collectées pour financer l'industrie de guerre.

Des camps de prisonniers d'origine italienne sont installés à Steinbrunn-le-Haut, à Muespach et les Russes à Durmenach. Ce dernier est situé prés de la fabrique de cigares. Les Durmenachois pris de pitié pour ces prisonniers mal nourris, essayèrent de leur donner du pain, mais les Prussiens les en dissuadèrent brutalement.

La réintégration de l'Alsace dans l'espace national français pose rapidement des problèmes. Sont réintégrés de plein droit dans la nationalité française ceux qui étaient Français avant le traité de Francfort, ainsi que leur descendants légitimes ou naturels. Ne sont pas réintégrés ceux qui ont parmi leurs ascendants en ligne paternelle un Allemand immigré en Alsace-Lorraine après le 15 juillet 1870. Presque tous les Allemands sont expulsés. Des commissions de triage sont constituées, devant lesquelles de nombreux Alsaciens doivent rendre compte de leur attitude pro-allemande. Des Alsaciens germanophiles sont expulsés. Jusqu'en septembre 1920, 112000 personnes doivent quitter l'Alsace-Lorraine. Pour de nombreux Alsaciens rêvant d'occuper des places libérées par le départ des Prussiens, la désillusion est grande, car ce sont des fonctionnaires, des ingénieurs, des cadres "de l'intérieur" qui les accaparent. Or ces parachutés, en général mal préparés, ignorant l'allemand et le dialecte, bénéficient d'indemnités de difficultés administratives très importantes, tout en prenant des allures de colonisateurs. Alors que les Alsaciens doivent s'adapter, sans contrepartie, au changement de langue, de culture; le système des concours nationaux, propre à l'administration française, pénalise pendant un certain temps les Alsaciens à cause de leurs difficultés linguistiques. La politique d'assimilation, telle qu'elle est pratiquée par la France en Alsace, provoque de nombreuses désillusions et alimente le malaise alsacien. Le français devient la langue unique à l'école. La "méthode directe", consistant à plonger les élèves dans un bain linguistique français, sans la moindre référence à l'allemand, soulève un double problème: la plupart des maîtres alsaciens ne maîtrisent pas la langue française et les jeunes élèves, à leur entrée à l'école, ne comprennent pas le français. Par dérogation, l'allemand peut être enseigné à raison de trois heures par semaine à partir de la quatrième année scolaire et l'enseignement religieux (4 heures hebdomadaires) peut également être dispensé en allemand.


Sources: Jean-Paul GASSER, Une Histoire de L'Alsace, Editions Jean-Paul Gisserot, 1998 - André JUND, Regards sur la Première Guerre mondiale dans le Sundgau, Conférence mars 2000.
Années 1920 - 1930

D'après le "Journal du Sundgau" Durmenach est le centre névralgique du Haut Sundgau en 1924. La présence d'un médecin et de deux dentistes augmente l'attrait du village.

Création de l'Association Sportive de Durmenach en 1926. Cette dernière est présidée par M. Eugène Cayot.

Le village compte encore 30 familles juives en 1925.

Nouveau record en 1926: la famille Flieg avec 17 enfants reçoit une décoration.

Les habitations sont dotées de l'eau courante en 1926.

Le Vélo-Club fondé par Charles Zundel en 1935, organise la première course cycliste de Durmenach en 1936. Cette dernière passe à Folgensbourg, Franken, Feldbach et Vieux-Ferrette.
La Société de Musique "Rhénus" était essentiellement animée par la famille Flieg.



La classe 1925 en 1937
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Durmenach, un village atypique du Sundgau