Durmenach durant la guerre 1939-45
Liste des enfants de Durmenach victimes des guerres

Le 1er septembre, à l'annonce de l'attaque contre la Pologne, soixante-six communes du Haut-Rhin sont évacuées. La totalité du canton de Huningue et pour partie, ceux de Ferrette et de Hirsingue sont évacués, alors que Durmenach n'est pas concerné par cette mesure. Durant la "Drôle de guerre", des militaires cantonnent dans le village qui abrite une casemate de la "Ligne Maginot".


Casemate de la "Ligne Maginot", sur les hauteurs du village.


Les camions sont réquisitionnés par l'armée française.


Les Français dynamitent le pont de la rue de l'Ill avant l'arrivée des Allemands. Les deux habitations qui se trouvent à proximité sont détruites par l'explosion.

La Wehrmacht franchit le Rhin le 15 juin 1940 à la hauteur de Marckolsheim. Mis à part quelques îlots de résistance, l'Alsace est aux mains des Allemands au moment de la signature de l'armistice le 22 juin 1940.

Les Juifs et les Nord-africains sont expulsés vers la zone libre, dès le 16 juillet 1940. Pendant 6 mois ce sont 22 000 Juifs qui sont dirigés vers la zone libre où naturellement rien n'était prêt pour les héberger. Au gouvernement de Vichy de s'arranger.... en attendant les convois vers Drancy et Auschwitz. 17 personnes (au minimum) dont un enfant de dix ans, originaires de la communauté juive de Durmenach ont été assassinées en déportation. Aux Juifs s'ajoutent à cette première série de mesures "tous ceux qui refusaient de renier leur patriotisme ou simplement leur culture française". Pour tous, les mêmes conditions de départ: une demi-heure de délai pour emporter 50 kg de bagages et 2000 F d'argent liquide.

C'est la rentrée, l'école reprend. Interdiction absolue de parler français. Des professeurs allemands arrivent du Pays de Bade. Les enseignants alsaciens doivent se rendre Outre-Rhin pour une "Umschulung" (un recyclage). Madame Gertrude Brun, alors institutrice à Durmenach, réussit à y échapper, en démissionnant de son poste.

Les noms des communes et des rues sont débaptisées, toutes les associations sportives et les mouvements de jeunesse sont dissolues et remplacés par la Hitler Jugend qui devient obligatoire à compter du 2 janvier 1942 pour tous les garçons et filles âgés de 10 à 18 ans.


Durmenach - Willerhoff, mai 1941


Plongeon dans l'Ill



Les "Malgré Nous"

La décision d'incorporer les hommes des trois départements date du 9 août 1942 à Vinitza en Ukraine, lieu du quartier général de Hitler. La nouvelle offensive allemande en direction de Stalingrad et de la mer Caspienne devrait apporter la victoire sur l'armée soviétique. Hitler soulève la possibilité d'une nouvelle vague d'expulsions en Alsace. Les asociaux et les criminels doivent être expulsés vers la France, tandis que ceux qui ne sont pas politiquement mûrs doivent être transférés à l'intérieur du Reich. Il s'agit de plus de 20 000 personnes. Les nazis y renoncent, car il n'est pas possible de procéder à un transfert sur une large échelle. Le 23 août une ordonnance dans le Journal Officiel du Reich donne la nationalité allemande aux Alsaciens, Lorrains et Luxembourgeois qui ont été ou seront appelés à servir dans la Wehrmacht ou la Waffen SS et à ceux qui auront été reconnus comme des Allemands éprouvés.

D'octobre 1942 à mai 1943, les douze classes d'âge de 1914 à 1925 seront incorporées dans le RAD et la Wehrmacht. Il s'agit de 70 000 jeunes Alsaciens âgés de 18 à 29 ans. L'incorporation de force dans la Waffen SS n'interviendra qu'à partir de 1944. Presque tous seront dirigés sur le front russe où beaucoup trouvèrent la mort. La moitié de la classe d'âge 1926, soit 2 000 hommes sera incorporée directement dans la Waffen SS. La proportion sera encore plus importante pour les classes 1908 à 1910. Les Alsaciens, comme les autres Waffen SS, portent sous le bras gauche le tatouage de leur groupe sanguin. Leur appartenance à la SS peut donc être facilement révélée, ce qui vaudra à un certain nombre d'entre eux d'etre immédiatement abattus lors de leur capture par les troupes russes ou américaines.

L'incorporation de force entraîne les incidents les plus violents dans le Sundgau. Les Alsaciens appelés dans l'armée allemande, essaient de passer en Suisse. Aux fuites individuelles succèdent des évasions groupées. Le Gauleiter Robert Wagner prend une ordonnance le 7 juillet 1942 contre "l'émigration illégale hors d'Alsace". "Les biens des évadés seront confisqués et leurs parents et ceux qui vivent avec eux seront transplantées en Allemagne !". Le 16 septembre 1942 une zone interdite de trois kilomètre de large est installée le long de la frontière suisse. L'étincelle de la résistance du Sundgau part de Riespach, point de ralliement de la plus importante évasion d'Alsaciens insoumis (la Espenkolonne, le 10 février 1943). Le téléphone arabe fonctionne à plein, le mot d'ordre a même franchi les limites de l'arrondissement d'Altkirch. Il y avait des gens du Sundgau, mais aussi des gens de Mulhouse, de Colmar, de Sélestat, voire d'Allemagne! 182 hommes réussissent à passer en Suisse après 7 heures de marche dans la neige. Encouragés par ce succès 86 autres jeunes insoumis de Durmenach, Werentzhouse, Fislis et Oltingue réussissent aussi le lendemain à gagner la Suisse sans encombre et se retrouvent au camp de Büren. Un groupe de 18 jeunes gens de Ballersdorf et de ses environs n'eut pas la même chance lors de leur tentative 1e 12 février. Apres un échange de coup de feu à Seppois le Bas, un douanier allemand trouve la mort. Trois jeunes sont fusillés sur le champ. Les autres réussissent à prendre la fuite, mais sont arrêtés chez eux le lendemain par les Allemands. Ils sont tous fusillés le 16 février au Struthof.

Les familles des évadés sont déportés dans le Reich, dans des camps au Wurtenberg, en Saxe et en Silésie. Ils y séjourneront plus ou moins longtemps avant de pouvoir trouver du travail. Ayant perdu tous leurs biens, leur situation n'est guère enviable dans un pays ou la pénurie règne de plus en plus. Plus de 3000 personnes de l'arrondissement d'Altkirch connurent ce triste sort. De nombreuses familles de Durmenach furent ainsi déportées durant la nuit du ? 1943. Le curé du village Auguste Mona tenta de s'interposer, mais il fut arrêté à son tour et fut emprisonné pendant la durée de la rafle.

1944

Ci-contre: L'occupant aux abois réquisitionne les enfants âgés de 14 à 16 ans pour creuser des tranchés à l'arrière du front. Ici leur départ de la gare de Durmenach pour la région de Seppois, le 6 septembre 1944.

Durmenach libéré

En pleine tempête de neige, le 14 novembre 1944 à midi, le général de Lattre déclenche son attaque sur l'Alsace avec son premier corps d'armée. La surprise de l'ennemi sera complète d'autant plus qu'il avait été induit en erreur par de faux renseignements à la suite d'une opération montée par les services spéciaux français. C'est ainsi que le général Ochsmann, commandant la 338ème ID, sera tué en pleine tournée d'inspection aux avant-postes allemands. Malgré la résistance ennemie qui s'organise, les troupes françaises progressent rapidement. Le 17 novembre, Héricourt et Montbéliard sont libérés. Une partie des unités du 1er corps d'armée se tourne alors en direction de Belfort où l'ennemi résiste pied à pied, tandis que le reste s'engouffre dans la brèche qui vient d'être ouverte. Le 18 novembre, la 1re DB, soutenue par des éléments de la 9e DIC, s'empare par surprise, à Delle, du pont de l'Allaine: la porte de l'Alsace est ouverte. C'est au CC3 du colonel Caldairou que revient l'honneur de pénétrer le premier en Alsace où la première localité, Seppois, est libérée le 19 novembre à 14 h après un vif combat. A partir de ce moment, les chars foncent en avant sans rencontrer de résistance sérieuse en direction du Rhin qui est atteint à 18h 30 à Rosenau. En tête de toutes les armées alliées, la 1ère armée est arrivée au Rhin, mais la situation de la 1re DB est difficile car elle ne dispose que d'un mince corridor le long de la frontière suisse pour pénétrer en Alsace et les embouteillages y sont permanents d'autant plus que l'ennemi va contre-attaquer pendant plusieurs jours à partir de Dannemarie. Il réussira même à couper temporairement cette unique voie de communication par où parviennent renforts et ravitaillement. Le 20 au matin, l'attaque de la 1re DB reprend sur trois directions: Dannemarie, Altkirch et Mulhouse qui va être investi à la tombé de la nuit et où la garnison est totalement surprise. Le nettoyage de la ville commence le lendemain et va durer jusqu'au 24 novembre, car l'ennemi s'accroche dans les casernes de la ville. [1]  


L'arrivée des Français dans la rue du Chemin de Fer, le 20 novembre. Ci-contre, un char français dans la rue de Ferrette, le 21 novembre.




Le fils du général de Lattre.

1945

15 mars 1945: Prise d'armes. 

14 avril 1945: Visite du Sous-Préfet d'Altkirch, accueilli par Monsieur le maire Bloch. 

26 août 1945: Pour fêter la fin de la guerre les habitants du village ont réalisé des chars qu'ils ont promené dans les villages voisins...  





Sources:

[1] "1944, vers la Libération", Saisons d'Alsace, Editions La Nuée Bleue, Strasbourg 1994.
[2] Bernard et Gérard LE MAREC, L'Alsace dans la guerre 1939 -1945, Editions Horvath, 1988.
[3] Jean-Paul GASSER, Une Histoire de L'Alsace, Editions Jean-Paul Gisserot, 1998.
[4] Pierre WEISENHORN, De la Wehrmacht à l'Assemblée Nationale, Editions Publi-H Uffholtz, 1998.
[5] André ZUNDEL, Photographies, 1945.

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Durmenach, un village atypique du Sundgau