JOURNEE
DES SOUVENIRS
DISCOURS DU MAIRE de DURMENACH Mr. Dominique
SPRINGINSFELD
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INAUGURATION DES STELES DU MONUMENTS
AUX MORTS
8 novembre 2009
C'est avec une très profonde émotion que nous sommes tous réunis aujourd'hui pour dévoiler les stèles sur lesquelles les noms des victimes des deux Grandes Guerres et les victimes de la Shoah ont été gravés.
Ce magnifique ouvrage réalisé par les Ets. Zanchetta de Village-Neuf a été financé par le Cercle de l'Action pour un Développement Economique et Culturel transfrontalier ( CADEC ) présidé par M. André Zundel.
Il est à noter que le lieu de décès de chaque victime ainsi que son âge ont été gravés sur les stèles, ceci étant le fruit d'un travail minutieux de Sabine Drexler, Elisabeth Florentin, Thomas Zundel, Henri Evrard ainsi que Jean Camille Bloch.
Je voudrais au nom de l'ensemble des familles des victimes, au nom de toutes les autorités militaires et civiles, et surtout au nom de l'équipe municipale, adresser nos plus vifs remerciements au CADEC pour ce geste qui permettra à toutes ces victimes de retrouver une seconde vie.
Sur la stèle de gauche, figurent les victimes militaires des deux guerres. Notre village a payé un très lourd tribut lors de ces deux conflits, puisque 51 jeunes sont tombés sur le front, que ce soit en France, en Slovénie, en Roumanie ou en Pologne.
Nous ne pourrons oublier l'héroïsme et le courage véritablement surhumains de nos soldats d'alors, ni bien sûr les souffrances de leurs familles.
Je voudrais m'associer à vous tous pour rendre hommage aux jeunes de notre village partis à la guerre défendre notre patrie, ou pour une cause qui leur été imposée, mais qui, hélas, ne sont jamais revenus.
Sur la stèle de droite, que j'appellerais la stèle des martyrs, figurent tout d'abord les noms de deux enfants Tziganes décédés dans le camp d'Argélès sur Mer. Marcel et Joseph avaient 3 et 4 ans, ils avaient la vie devant eux mais les Allemands avaient considéré que leurs parents étaient des indésirables.
Avant leur déportation et leur départ de Durmenach, ces enfants avaient le sourire, les yeux rieurs, la vie en devenir, dans les camps sans hygiène et mal nourris, ils ont soufferts et pleuré, et sont décédés aux côtés de leurs parents impuissants.
Elle est là, cruellement et tristement résumée, toute l'histoire du camp d'internement d'Argélès sur Mer qui a volé la vie à 70 enfants dans l'indifférence générale. Et sur cette même stèle ont été gravés les noms des 17 victimes juives de Durmenach dont 16 sont mortes à Auschwitz.
Auschwitz ou plus d'un million d'hommes ont trouvé la mort, parce que nés juifs.
Les mots sont malheureusement trop faibles devant la réalité des faits historiques. Comment pourrait-il en être autrement? Dès lors qu'il s'agit d'aborder l'une des pages les plus sombres de l'histoire de l'humanité, dès lors que cette histoire nous renvoie à l'effroyable banalité de l'horreur absolue.
Parce que la Shoah a été ce mal absolu, elle doit continuer à interpeller la mémoire collective mais également la conscience de chacun.
Sachons tirer les leçons du passé afin de construire un avenir meilleur. Mais soyons également conscients de la fragilité de notre société qui n'est jamais à l'abri d'un possible retour de la barbarie. Faisons en sorte que le souvenir de tous ces disparus qui seront nommés tout à l'heure, nous aident à construire un monde de paix de solidarité entre les religions, les peuples et les nations.
Sachons mobiliser nos énergies comme nous l'avons fait ici à Durmenach pour préparer cette cérémonie, afin d'imposer le seul et unique choix qui devrait être le nôtre, celui de l'homme, celui de la vie et celui de l'avenir.
Je vous remercie.