A quoi tenait la célébrité des mélèzes de Durmenach ?

Les arbres de Durmenach appartiennent à l'espèce du Mélèze d'Europe qui a posé aux forestiers un problème complexe jusque dans les années 1970. Pendant longtemps, ils ne comprenaient pas pourquoi les plantations de mélèzes (avec des graines originaires des Alpes françaises) réalisées à basse altitude et sous des climats humides, donnaient de trés mauvais résultats alors qu'en Europe centrale des peuplements trés satisfaisants étaient obtenus en plaine.
Il s'avéra que les forestiers français se sont référés trop longtemps au mélèze subalpin. Ces arbres de haute altitude trés exigeants en lumière et allergiques à l'humidité sont en effet voués à une mort lente quand on les introduit en plaine.
La génétique forestière a montré qu'il faut soigneusement choisir l'origine des graines en fonction de la région où l'on veut faire la plantation. En pratique cela signifie que si on veut planter du Mélèze en plaine, il faut utiliser des graines issues d'arbres sains qui poussent à basse altitude sous un climat doux et humide.



Dans les années 1960, le Centre de Recherche Forestière, a réalisé une enquête pour savoir quels étaient, en France, les peuplements de mélèzes satisfaisants, quoique se trouvant à basse altitude. C'est ainsi que furent recensé les mélèzes de Durmenach. Les ingénieurs des Eaux et Forêts ont constaté que ces arbres de 35 m de haut, étaient en dépit de leur grand âge parfaitement sains et adaptés aux conditions climatologiques et géographiques du Sundgau, zone de plaines et de basses collines. Il a donc été décidé que le Mélèze de Durmenach sera largement étendu artificiellement par semis ou plantation. On a procédé à des greffages de rameaux sur des arbres particulièrement beaux. Les nouveaux plans greffés ont été rassemblés dans des "vergers à graines". Un tel verger a ainsi été constitué en Bretagne.

Photos: Conifère majestueux, le mélèze peut atteindre 40 mètres ou plus, à l'image du « grand mélèze » de Durmenach qui est âgé de 200 ans; Visite des élèves de l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts de Nancy au Foyer de Durmenach (15 mai 1964).

Avenir de la forêt des mélèzes

Bien que la qualité des arbres de Durmenach soit incontestable, il apparaît que les mélèzes d'origine polonaise sont meilleurs et plus intéressants pour les plantations à faire en France.
Le premier dénombrement connu remonte à la révision de l'aménagement en 1923, d'autres ont été effectués en 1953 et 1998:
1923: 381 sujets de 30 à 90 cm de diamètre cubant 1534 m3;
1953: 200 sujets de 35 à 85 cm de diamètre cubant 984 m3;
1998: 134 arbres représentent environ 830 m³ de bois.
Ces chiffres indiquent une forte diminution du nombre d'arbres. Leur temps de passage est d'environ 40 ans.
La majorité des mélèzes sur pied sont en fin de course. Une soixantaine, agés de 160 ans, ont malheureusement été abattus en 1999. Les autres sont maintenus comme témoin pour perpétuer l'espèce. A ce jour il reste 40 arbres datant de 1783. Pour satisfaire les besoins locaux, il existait une pépinière (photo ci-contre) qui fournissait 10 000 à 20 000 plans par an. Cette dernière a été fermée dans les années 1990 pour des raisons économiques.

Pour replanter les mélèzes dans la futaie qui se dépeuple il faudrait faire une coupe rase. Certaines parcelles ont été reboisées en pins sylvestres et Douglas, le mélèze ayant surtout été replanté en bordures de chemins.

[1] Extraits de "LA FORET DES MELEZES DE DURMENACH", ZUNDEL Marylène (1973).

Durmenach, un village atypique du Sundgau