L'église romane de Feldbach est un édifice à trois nefs bâtie en 1144, par le premier des comtes de Ferrette, Frédéric 1er. Le chœur est composé d'une abside, et de deux absidioles dans le prolongement de la nef centrale et des bas cotés. Le matériau utilisé est la pierre calcaire du Sundgau. Le clocher hors œuvre est un ajout construit en style néo-roman en 1909. A son emplacement et aux abords immédiats, au nord de l'église se trouvaient les bâtiments du couvent, aujourd'hui disparu. L'église a retrouvé son intégrité d'origine après une importante restauration achevée en 1977.

L'église sert de sépulture aux comtes de Ferrette. C'est à l'entrée du chœur que se trouvait le caveau sépulcral. Sébastien Munster, dans sa Cosmographie, nous apprend que treize comtes et comtesses y étaient ensevelis. Ce caveau ainsi que les inscriptions tumulaires qui le recouvraient, existaient encore en 1814, époque à laquelle le sol de l'église fut exhaussé et le caveau comblé sans respect pour les cendres historiques qu'il contenait. Les fragments de pierres sépulcrales sont devenus des linteaux de portes, des montants, des cintres et des appuis de fenêtre. Ça et là, sur la face extérieure de l'église donnant vers le midi, on remarque, encastrés dans la maçonnerie, des morceaux de pierre rougeâtre portant quelques jambages de cette belle écriture gothique du treizième siècle si bien faite pour les inscriptions lapidaires; les bavures de mortier qui les souillent ne permettent plus de les déchiffrer. Au pied des marches du choeur une seule pierre, presque polie par le frottement des générations, reste entière: c'est la tombe d'un Bénédictin de l'ordre de Cluny.[1] Le prieuré de Feldbach a en effet été administré par la puissante abbaye de Cluny pendant tout le Moyen Âge, il abritait une trentaine de moniales. En 1365 village et couvent furent dévastés par les compagnies anglaises, et le 20 avril 1446 la maison du prieur fut incendiée par les Armagnacs. Cluny n'envoya plus de nouvelles recrues à Feldbach, et à partir de 1562 aucun document ne fait plus mention des religieuses de ce village. On y maintint un prieur avec quelques religieux qui continuèrent de gérer les intérêts du prieuré et d'administrer la paroisse. En 1636 l'archiduc Léopold donna la maison de Feldbach au collège des Jésuites d'Ensisheim, donation que Louis XIV ratifia de consentement avec le Saint-Siège en 1661. Lors de la suppression des Jésuites, le prieuré échut au collège royal de Colmar qui en tirait, à la fin du 18ème siècle, prés de 14000 livres de revenus. En 1790 le prieuré est fermé, l'église devient exclusivement paroissiale.[2]