Séance extraordinaire du Conseil Municipal de Durmenach, 2 décembre 1849
 

Le conseil municipal de la commune de Durmenach convoque suivant autorisation spéciale accordée à cet effet par Monsieur le Sous-Préfet en date du 19 septembre 1849, les 7 élus et les 7 électeurs désignés par Monsieur le Préfet pour compléter le conseil, présidé par l'adjoint délégué à cet effet.

Vu la réclamation déposée par Monsieur Aron Meyer et consorts et une amenée par Monsieur Raphaël Brunschwig et Monsieur Nathan Ulman;

Vu la lettre de Monsieur le Sous-Préfet de l'arrondissement d'Altkirch en date du 17 du mois dernier;

Se référant à la délibération du 3 mars 1848, et dans (1) à discuter les chiffres des estimations, chiffres empreints cependant d'une grande exagération, attendu que s'il est vrai que dans les journées du 29 février, 1, 2 mars 1848 la commune de Durmenach a été le théâtre de désordres graves, la responsabilité de ces désordres ne peut pas incomber à la commune.

Qu'en effet l'autorité municipale était confiée à cette époque comme aujourd'hui encore à un Israélite dont le nom figure en tête de la liste des plaignants.

Que la majorité des habitants de la commune est composée d'Israélites, ainsi qu'il est établi par la majorité même, d'adjoindre 7 membres désignés au conseil municipal en lieu et en place des 7 plaignants.

Qu'en présence de ces faits le devoir de la défense de la commune et la protection à donner aux propriétés incombaient spécialement aux Israélites plaignants tant parce qu'ils étaient investit de l'autorité municipale, que parce qu'ils formaient la majorité.

Que cependant dès le 27 et avant qu'aucun trouble n'eut été constaté dans la commune, les Israélites se hâtèrent de charger leur mobilier et de faire partir leurs femmes et leurs enfants.

Que le 28 le maire ayant fait convoquer le conseil municipal, on fut unanimement d'accord de mettre la Garde Nationale sur pied, et que tous les citoyens se trouvèrent à leur poste. Mais vers quatre heure et demi du même jour le maire et tous ses coreligionnaires prirent la fuite sans qu'aucun acte d'agression justifiait cette désertion (2).

Qu'il est a remarquer encore que dans la précipitation de sa réaction, le maire ne fit part à personne de sa résolution, et ne fit aucune délégation de son autorité, attendu qu'ainsi abandonné par l'autorité municipale et par ceux qui étaient les plus intéressés à la défense des propriétés, la minorité se vit en face le lendemain matin d'environ 2000 assaillants venus des communes environnantes.

Qu'en ce moment la commune était sans défense, puisque le maire était en fuite avec 4 conseillers municipaux et que de l'autre coté la Garde Nationale composée spécialement d'Israélites, qui presque seuls avaient rendus leurs armes, se trouvait désorganisée par la désertion de ces derniers.

Que dans ces circonstances cependant les citoyens ont fait dans ce qui était en leur pouvoir pour empêcher la révolution: Ils firent appel à la Garde Nationale des communes environnantes, à la force armée de Ferrette, à la (1) cantonal établi dans cette ville. A la (1) d'arrondissement établi à Altkirch. Ce qui prouve ces appels c'est la présence à Durmenach de Monsieur (1) délégué à cet effet du Commandant de Ferrette et de Monsieur Kauffmann et enfin du délégué de la (1) d'Altkirch, la première et la seconde journée.

Pendant que ces appels étaient faits à l'extérieur les habitants de la commune faisaient tous leurs efforts pour rendre le désastre moins grand, protégeant les quelques Israélites restés à Durmenach, sauvant leur mobilier et assurant leur subsistance. Ce qui prouve ce fait, c'est le grand nombre d'objets sauvés, et d'autre part le fait qu'aucun habitant de Durmenach n'a été condamné suite à ces évènements, alors qu'il est évident:

1. Que la fuite de Monsieur Aron Meyer maire de la commune a laissé la commune sans entente et sans direction.

2. Que la fuite des Israélites a laissé la commune sans force armée.

3. Que les dégradations ont été commises par des attroupements composés exclusivement d'habitants des communes environnantes et qu'aucun bourgeois de Durmenach n'y a pris part.

4. Que la minorité restée dans la commune sans maire, sans Garde Nationale, sans délégation de l'autorité n'en a pas moins tout fait de ce qu'il était possible pour prévenir et arrêter le désordre.

Le conseil réitère qu'aucune responsabilité ne peut incomber à la commune, que la réclamation de Monsieur Aron Meyer et consorts est male fondée et que dès lors il y a intérêt et nécessité pour la commune à être entendue et défendue au procès (1) qu'ils se proposent d'intenter.





(1) illisible dans le texte original;

(2) Il faut rappeler ici que le départ précipité des Israélites, a été déclenché par la mort d'un habitant de Steinsoultz. Ce dernier a forcé un barrage de la Garde Nationale, et a été abattu par un Israélite. Etant donné le climat révolutionnaire de l'époque, et le souvenir encore récent des pillages de la révolution de 1789, on peut comprendre qu'ils aient pris peur ! - Note de Thomas Zundel -.


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